Titre
Retour au menu
  • Le contrôle police municipale

Fin 1962, toujours brigadier à sceaux, mais ayant été reçu au concours d’officier, je suis appelé, en police-secours, pour un différend familial sur la commune de Bagneux. L’affaire, toute banale, ne justifiait pas vraiment une intervention de police. Un couple se déchirait dans une HLM pour des motifs d’ordre privé. Dans ce cas, au demeurant assez fréquent, le rôle du policier est avant tout de vérifier s’il y a violence ou seulement risque de violence, blessures et si possible, de concilier. Ce jour-là, c’est précisément ce qui allait se passer… sans l’intervention intempestive d’un locataire de l’immeuble, gardien de la paix aux compagnies parisiennes de circulation, se considérant plus ou moins shérif local. il prétendait donner ses instructions pour régler le problème conjugal et se comportait comme le chef du détachement de police-secours.

Après un temps d’observation, je le remettais à sa place fermement en raison de son insistance. C’est tout, pas de quoi fouetter un chat. sauf si vous avez affaire à un obstiné du gardiennage. Mon refus d’adopter son point de vue avait atteint mon perturbateur dans sa dignité. il s’en est plaint à sa hiérarchie. et me voici convoqué au contrôle PM quelques jours plus tard.

On pourrait penser qu’une telle foutaise ne vaut pas l’ouverture d’une enquête administrative, sauf si elle n’est pas présentée objectivement. Comment mon accusateur l’avait-il présentée ? Je ne le saurai jamais. Toujours est-il que je réponds à la convocation. et c’est là que le comique intervient.

Je suis introduit dans un bureau où deux civils discutent de choses et d’autres et ne semblent pas se soucier de moi. J’attends. Comme la discussion se prolonge, je m’assois. Toujours pas de réaction, sinon un petit coup d’oeil réprobateur. J’attends encore et… puisque décidément je n’intéresse personne, sans un mot je me lève et me dirige vers la sortie : « où allez-vous ? – Je retourne chez moi – Attendez qu’on vous autorise à vous asseoir – Je m’assois sans attendre – Je vous écoute – Comment se fait-il que vous soyez en civil ? – Je ne suis pas en service et… – en service ou non, vous êtes brigadier en tenue, on se présente au contrôle PM en tenue. – excusez, manque d’habitude. Je pensais être convoqué ici pour une affaire sur Bagneux, non pour une question de tenue que je vais d’ailleurs ne plus porter longtemps. – Ah ! pourquoi ? – Je suis admis au concours d’officier, j’ai raccroché la tenue de brigadier. »

Dès cet instant, le ton change… Mon interlocuteur se présente « Commandant…, alors expliquez-moi cette histoire de Bagneux… ».

Encore une fois, pourquoi cette certitude a priori, pourquoi considérer coupable une personne avant d’avoir entendu les deux versions ? et à quoi ressemble cette méthode d’intimidation avant l’interrogatoire ? et pourquoi une promotion peut-elle, à elle seule, faire basculer une conviction ? Je ne connais pas de réponses sauf que ça fait partie des Gaietés de l’Administration !

Retour au menu
Logo APP